À l'assaut des punaises de lit : comment se débarasser de ces indésirables

Je m’appelle Corinne D. Je vis à Montréal.
J’ai eu des punaises de lit chez moi.

Ce blog appartient aux infestés qui ont besoin d'aide, qui veulent donner des conseils ou qui souhaitent tout simplement partager leur expérience.

Sachez que je ne recommande pas d'exterminateur en particulier et que je ne m'occupe plus de ce blog. J'ai tout de même décidé de le laisser en ligne, sachant qu'il pourrait aider certaines personnes. J'ai été infestée il y a plus de 6 ans maintenant...

mercredi 6 avril 2011

Dormir sur ses deux oreilles

Bonsoir à tous,

J'ai fait un petit ménage du blog durant les derniers jours -- ménage qui s'imposait depuis longtemps.

En faisant la relecture des messages laissés au fil des années, je constate à quel point la question du sommeil revient continuellement. En effet, on parle de punaise de lit ici, alors qui dit «lit» et «bestiole vampirisante» dans la même phrase dit «sommeil troublé», et qui dit «sommeil troublé» dit nervosité, fatigue, irritabilité, isolement, déprime, et parfois même... dépression.

Je le répète encore : je ne suis ni entomologiste, ni dermatologue, ni psychologue. J'accueille vos commentaires parfois teintés de panique avec humilité et je réponds à vos questions précises sur les insectes au mieux de ma connaissance. Je suis souvent touchée pas vos appels à l'aide, vos cris d'infestés. J'aimerais vous en dire plus, vous informer davantage. Être l'épaule qui soutiendra votre peine. Être l'oreille présente plutôt que la main qui vous répond plusieurs mois en retard. Pour cela, je m'excuse.

***

Dormir. Ce verbe semble si évident et cette action si simple quand le sommeil vient sans qu'on le souhaite. Mon père s'endort en posant la tête sur l'oreiller. J'ai toujours trouvé cela stupéfiant, voire invraisemblable. Son ronflement survient au moment même où il souhaite une bonne nuit. Il me fait rire. Mais mon rire cache une certaine envie.

Moi, je sais ce que c'est que de se tortiller, gigoter, réfléchir, retourner son corps et son esprit en vain, redessiner les remords, refaire les regrets, repasser les souvenirs pénibles, ressusciter les morts de sa vie, regarder les chiffres rouges passer sur son cadran, se dire merde, je vais travailler dans 4 heures, 3 heures, 2 heures... Oh et puis, plus la peine de chercher le sommeil, ça ne ferait que me fatiguer pour rien. Autant rester éveillée, pour le temps qui reste. Un livre? Pff, pas la peine, j'ai les yeux dans la graisse de bine.

Durant l'infestation, je couchais sur un matelas à même le sol, recouvert d'un rideau de douche bon marché. Tiens, je vais regarder la télé en attendant. Ça me reposera, sûrement.

Les dessins animés schizos. Les infos-pubs merdiques. Les postes «hors d'ondes». Les spasmes continus. Les émissions matinales débiles. Les petits oiseaux de l'aurore effrayants. L'aube livide. Le café qui ne goûte rien. La douche bizarre. Les gestes mécaniques. Les pupilles dilatées. La journée si longue. L'appétit perdu. Les pleurs sans secousses.

De la cime de nos solitudes, nous envoyons des messages dans la blogosphère comme des bouteilles à la mer. Je les reçois parfois. Souvent, je n'en sais que faire. Mais je n'ose les relancer sans l'ombre d'un écho.

Je me rappelle que j'ai dû quitter mon logis durant la période d'extermination, car je n'arrivais tout simplement plus à dormir sur mes deux oreilles.

Or, je réponds cela, avec maladresse et naïveté :

Appelez un ami, un parent. Expliquez-leur. Vous trouverez bien une âme bienveillante qui vous recevra pour quelques nuitées. Car il faut dormir, coûte que coûte. La lutte à mener est éreintante, et vous aurez besoin de toute votre énergie. Il FAUT dormir.

Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit, un oreiller moelleux et frais, une couette douce, des draps propres et exempts de toute calamité et, enfin, une main tendue.

C. x